Il est devenu fou
Un émigré qui a passé une trentaine d'années en France décide de rentrer définitivement au pays qui lui manquait toutes ses années passées à l'ombre de la casquette. Un analphabète de retour, il a fait appel à ses amis pour la constitution d'un dossier lui permettant de bénéficier d'un départ définitif du pays d'accueil...
Il a fait un déménagement lourd, un camion, une voiture légère, matériaux électroménagers et une somme importante en devises convertibles.
Disant qu'il pourra faire le riche un bon bout de temps sans autres apports.
Arrivé chez lui dans son patelin, il fait comme de coutume la tournée de la famille avec des présents à la mesure de leur relation.
Le temps ne lui donne pas les moyens d'apprécier, il passe vite, empressement facilité par la joie de rejoindre les siens.
Sa femme Na Fati ne se laisse pas aller au plaisir du présent, elle mijote, elle planifie et elle propose au chef de famille richissime de regarder à droite, à gauche, devant et derrière de leur humble demeure.
-Et que voit-il ?
Des dalles et des dalles se terminant par des floralies ferreuses, un joli décor puis protecteur en été, il fait de l'ombre à la cour de notre ami.
Na Fati est très forte, elle fait un travail de sensibilisation du chef, elle lui fera dire "nous allons construire, " il sera même convaincu que l'idée est sienne.
Na Fati choisie le moment propice pour mettre effectivement la machine en branle, elle a décidé d'en parler au moment de la présence des belles filles, de beaux parents, mais enfin les invités de marque.
Na Fati connaît bien son mari vantard, vaniteux, égoïste, enfin disant une drome. Un dîner familial en des convives où les bonnes histoires sont toujours suivies des éclats de rire de différentes tonalités, longs et saccadés, criards et pour certains, carrément des jacassiades. Na Fati se lève, pointe l'index vers le ciel et annonce, nous allons construire une nouvelle demeure à la place de ce taudis que nous habitions actuellement.
Est-ce que c'est un cheveu dans la soupe ou bien une bombe désodorante ou simplement une plaisanterie ?
Le chef a été le premier à être surpris, les autres trouvent que ce n'est pas le moment de refroidir l'ambiance surtout pour qui connaissent l"ardeur nécessaire de la tâche.
Et c'est le début de la fierté commune aux constructeurs de la contrée. Ce qui semble bizarre à l'émigré déménageur, c'est le mot construction qui habite chaque personne rencontrée, et puis ce mot est mêlé à toutes les sauces, s'il parle de son séjour à Paris on lui coupe pour lui dire, quand est ce que tu commences ?
Ammi Ali puisque c'est de lui qu'il s'agit, se demande comment Na Fati a fait pour faire admettre cette priorité dans les discussions, avant, on ne se permettait jamais de se mêler des affaires des autres, maintenant, ammi Ali ne sait plus participer à ce dialogue qui lui est étrangé.
Les jours passent, le projet de bâtir une grande maison que personne ne possède dans le coin se murit, la commande de la ferraille et du sable donne le départ à des nuits de veille et de la fonte de ses économies.
Sa musculature se rétrécit, son caractère se dégrade au fils des jours plus visible à ses vêtements et au cran de sa ceinture, il supporte de moins en moins cette situation où il débourse, alors qu'il était habitué à encaisser.
La bâtisse monte, mais n'est pas fini, une année de labeur, de souci dans les cas de maçon qui s'absente sans avertir alors que le ciment est mélangé et arrosé à l'eau, il faut lui un coin pour ne pas le perdre.
Avec la bâtisse partirons, toutes les économies, le camion et le tracteur et… acheté dans le village.
En suivant aveuglément Na Fati, Ammi Ali se retrouve subitement démuni, suivront les comptes et les décomptes avec sa femme d'un passif récent. Une suite d'altercations fera un effet insupportable, ses neurones éclatent et le méne directement à l'hôpital psychatrique de la contrée voisine, pour un long séjour ou les visites de ses proches se faisaient de plus en plus rares.
À l'hôpital psychiatrique, Ammi Ali porte sur sa bouche deux phrases :
— la première, quand il est seul, il dit et répète « il faut construire une bâtisse qui défie les voisins » dixit sa femme.
— la deuxième, à chaque fois qu'il rencontre un autre fou, il lui pose cette question :
— Hein ! tu construis ?
— C'est la cause de ta folie ?
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sofiane ton ami (dimanche, 27 septembre 2009 05:35)
belle histoire comme on a l'habitude d'en lire sur ta page
c'est tjr un plaisire de te lire si arezki ,j'espere seulement ne pas en finir comme sa quand je vais rentré ,passe un grand bnjr a tte la clique specialement a da l'hocine prenez soin de vous les vieux on a encore besoin de vous
thaazought (lundi, 28 septembre 2009 01:34)
une belle histoire qui commence bien, mais qui fait frissoné a la fin.
merci Arezki et porte toi bien.
le lycéen de l'autre soir (ce lui du cyber) (lundi, 28 septembre 2009 16:24)
Salut da Arezki d’habitude nous les kabyle on juge les personne d’après le premier regard son les connaître et dans cette angle la je dirai que vous êtes un villageois simple et qui n’est pas sorti du pays et qui ne connaît rien de la vie étrangère et ce n’est pas pour vous tracassé la tête mais c’est juste pour vous dire que notre manière de jugé les gents n’est pas bien car on trouve prés que jamais le caractère d’une personne alors la ça nature si il est généreux ou sage, mais la on lisant votre article je dirais bien de vous que générosité et sagesse parce que si c’été pas le qua vous vous métré pas dans l’état précédente qui est de s’entraîné dans une dépression et cela parce que vous étier soucions des autre et non égoïste comme il a été gravé dans votre article parce que si c’été le qua vous vous mettrai pas dans cette état vous diriez juste et puis a après moi j’ais rien a foutre et puis la vie continu comme on les appelle ceux la nous les kabyles « zourith oudhmaounencene » et vous vous n’êtes pas du tout comme ça .et sinon d’après votre état d’hier je dire é bien que vous êtes bien maintenant et c’est l’essentiel et je vous souhaite que du bien et d’avantage de réussite pour les jours a venir et pour ceux qui vous on mi dans cette état le payerons et c’est sons aucun doute ,la malédiction les payera un bon prix en plus un bon prix et toujours comme on dit en kabyle « dawassou outhstatafara akaz »
Arezki Mensous (mardi, 29 septembre 2009 00:49)
Bonjour thaazought, oui la construction rend fou, avec tous ces spéculateurs à chaque coin de rue, mais pour toi et Sofiane, l'éducation et l'instruction sont garant de toutes déviations
Il avait seulement continué à se sacrifier sans limites pour le titre d'homme, c'était pendant les années cinquante, racontées à ma façon.
Bien à toi et ta famille.
Mon cher ami Sofiane, je pense que ton installation dans un pays d'accueil, rendu lointain par la méditerranée, surtout loin de tes parents et tes frères, fera de toi un homme de réussite, l'exemple d'ici te réconfortera dans la voie du bonheur. Tu mérites !
Arezki
Mon cher, « le lycéen de l'autre soir (ce lui du cyber)»
C’est un grand plaisir pour moi et pour les lecteurs de mon site de vous lire, plus votre contribution donne un souffle juvénile et ravive l’ardeur du savoir d’un pan entier de notre société.
Merci à vous
Arezki (samedi, 03 octobre 2009 19:56)
Bonsoir à d'Arezki, malgré que je vous connais mais j'aime bien votre super travail.
j'aime bien la derniere phrase Dawossou.... aghime3 rebi thiéss.
Je lit souvent vos articles mais j'intervient rarement.
Arezki Mensous (dimanche, 04 octobre 2009 16:37)
La vraie nature de l’homme se dévoile dans le jeu ou dans l’écrit.
kamel (vendredi, 09 octobre 2009 13:57)
Na fati avait raison de demander a son mari de construire .pourquoi est-il parti ? Laissant sa femme, ses parents, ses terres et ses enfants derrière lui .arrivant dans un paye qui n’est pas le sien, subir les insultes, sale arabe,bougnol ,en faisant leurs besognes chaque matins et le soir , dans sa chambre étroite ,partageait avec quatre de ses confrères, écoutait slimane azem songeant son village natal.
Elle avait raison !... un moment elle pensait qu’il était parti faire des études,mais dans ce cas ,il aurait entrer avec trois de ces romans dont elle peut lire avec des phrases bien confectionnées en Français ou anglais,
sa souffrance de vivre dans un paye qui n’est pas le sien.
Elle avait raison !...na fati aurait aime être hypocrite .accueillant son mari avec des bras très ouverts en lui souhaitant le bon retour chez lui, lui préparant un bon couscous a base des glandes qu’elle avait ramasse pendant l’hiver a pied nus ,marchant sur la neige,avec des légumes sec qu’elle avait gagne chez ses voisin, après avoir rendu pas mal de services surtout dans les près,pendant la cueillette des olives.
Na fati avait raison de demander a ammi ali de lui construire une très grande bâtisse la plus haute du village.
La au elle pourra légitimer son sentiment, une battisse qui restera un symbole de souffrance partagée .je compatis
thaazought (mercredi, 21 octobre 2009 04:25)
oui la construction rend fou, mais il faut etre raisonnable et ne pas construire audessus de ses moyens.
nous avons tous besoin d'un petit chez soi, surtout nous les immigrés.
je pense que nous les femmes avons plus souffert que nos chers et tendre.
alors construisons, construisons !!
kamel (vendredi, 23 octobre 2009 03:52)
Bravo ! Vous l’avez bien dis,soyons fous et construisons,construisons ;les briqueteries rouvriront ,les usines du ciments, du parpaings ,de la fer ails ,de la peinture…..le recrutement se fera a la pelle ; des directeurs ,des ingénieurs ,des ts ,des gardiens ,des cuisiniers ,des médecins ,des chauffeurs…..idem pour les usines de véhicules ; des camions pour acheminer les marchandise ,des 4x4 pour les entrepreneurs ,des 204 pour les maçons et 104 moto pour les manœuvres .le commerçant du cartier n’aura plus a se plaindre,on achètera sans crédits ,les hommes aussi, y’aura toujours du poulet au frigo…..les ruelles seront vide ,les écoles seront pleins …..youpi !!? être fou c’est magnifique
thaazought (vendredi, 23 octobre 2009 15:14)
la crise est derriere nous, tout redemarre. youpiiiiiiiii!!
L'ombre de l'olivier (vendredi, 30 octobre 2009 15:59)
merci d'arezki, vous faites etat ici d'une vrais preuve de
courage, en ralatant cette evenemnt, je dirais dure, voila
ce qui en notre societé faudré dénoncé! cet orgeuil, construir encore et toujours! plus haut et plus grand!
...mes respects et mes sincéres salutations.